21 mai 2009

Simplicité...

C'est ainsi que se veut mon blog... enfin, surtout en ce qui concerne sa mise en page ! ^^

En attendant de dompter l'animal (et de réussir à en faire ce que je veux/voudrai), je vous propose un peu de lecture.

En octobre dernier, j'ai participé à mon deuxième salon bio Vivez Nature et j'en ai ramené (entre autres choses) un exemplaire du magazine Biocontact de Juillet-Août 2008.

Dans ce numéro, un dossier spécial Simplicité Volontaire...

Si ma vie n'a pas été complètement transformée après cette lecture, j'en ai tiré un certain enrichissement...

Ce dossier, à travers différents articles, nous donne les clés d'une vie "simple" qui nous permettrait de vivre en harmonie avec nous-mêmes, nos proches, nos voisins, avec la société en général... et surtout en respect avec notre chère Planète Bleue !!

Je vais donc vous proposer, pour commencer, deux extraits de ce dossier :
  • Introduction "Mieux plutôt que plus", de Jean-Pierre Camo, Directeur de la publication et auteur d'un roman historique, La Saga du Vinland
  • "La sobriété heureuse", interview de Pierre Rahbi, auteur et conférencier ; il est à la fois paysan, l'un des pionniers de l'agriculture écologique en France et philosophe. Initiateur de l'association Terre & Humanisme […]

« Mieux plutôt que plus »

[…] Un enfant de sept ans comprendra aisément qu'une croissance infinie n'est pas possible sur une planète finie. Fatalement, un jour ou l'autre, il n'y aura plus assez de pétrole pour rassasier notre modèle économique. Bien plus préoccupant : il n'y aura plus assez d'eau potable, de poissons dans les mers, de forêts, de biodiversité végétale et animale, de terres cultivables, d'air respirable... […] La solution ? Elle est évidente et viendra d'elle-même : nous devons absolument réduire nos besoins et nous désencombrer de l'inutile (bien souvent polluant et non durable). Nous privilégierons les biens qui nécessitent moins de transport (donc locaux), qui soient durables (donc réparables et simples à réparer) et renouvelables (respectueux de l'environnement. […]

[…] Par où commencer ?

  • D'abord, analysez vos vrais besoins, ceux qui vous apportent santé et joie de vivre.
  • Consommez local (posez-vous la question d'où viennent le café ou les bananes), de saison (oubliez les fraises en hiver) et bio.
  • Consommez simple (privilégiez le vrac, évitez les suremballages) et frais (fruits et légumes du jour).
  • Travaillez près de chez vous, privilégiez les transports en commun ou, mieux, le vélo !
  • Pensez durable, réparable et recyclable. Ne tombez pas dans le piège des « avancées » technologiques, où vous serez toujours en retard d'une innovation.
  • Enfin, ne gaspillez pas ! Chaque fois que vous pouvez, recyclez, compostez, réutilisez, partagez, échangez...

Pourquoi ce vocable, « simplicité volontaire » ? Parce qu'aujourd'hui, à l'ère technologique, la simplicité n'est plus « naturelle » comme autrefois, elle doit être voulue. Mais, demain, nous n'aurons plus le choix !

Jean-Pierre Camo, Directeur de la publication et auteur d'un roman historique, La Saga du Vinland


« La sobriété heureuse »

[…] Si nous étions dans une économie réelle, aucun être humain sur cette planète ne manquerait de l'essentiel : de sa nourriture, de ses vêtements, d'un abri et des soins qui lui sont nécessaires. C'est un bien légitime auquel chacun de nous devrait pouvoir accéder comme être humain légitimé par la vie elle-même. […]

[…] Pourquoi tant de pauvreté dans un monde riche de ressources naturelles ? […]
[…] Ce problème n'est pas lié aux ressources, mais au système lui-même, à ce que les êtres humains ont inventé pour répartir les biens et les ressources entre eux. Cela relève d'un arbitraire où une minorité surconsomme, au détriment de la grande majorité de l'Humanité qui, elle, chaque jour, est obligée de réduire ses besoins pour arriver dans un état plus de « survie » que de « vie ». […]

[…] La croissance économique est fondée sur un malentendu : avoir « toujours plus » signifie aussi « toujours moins pour d'autres ». Plus on prélève au-delà du nécessaire, plus on le fait au détriment d'autres individus qui, eux, sont pénalisés et précipités dans l'indigence. […]
[…] Aujourd'hui, il est urgent de repenser l'économie de façon à ce que l'être humain et la nature soient mis au cœur de nos préoccupations et que nous organisions notre mode d'existence en prenant en compte les limites et les besoins de l'homme et de la nature. À partir de là, nous serons dans quelque chose de pérenne. Sinon, on arrivera vite à l'épuisement des ressources […]

[…] Si nous voulons que le monde fonctionne, il faut y établir une équité. Il n'y a pas de raison que 1 % des Américains aient 50 % des richesses. Et on peut transposer ce ratio un peu partout : il ne suffit pas simplement que ceux qui ont moins puissent accéder à plus pour atteindre l'optimum et le niveau confortable de vie, mais aussi que ceux qui sont en tête du peloton arrêtent de vouloir posséder toujours plus. Ils ne sont pas seulement dans la réponse aux nécessités, mais dans un superflu démesuré. C'est le gros problème de l'économie : le nécessaire est relativement limité et le superflu, sans limite. Un système qui ne met pas de limite n'a pas de sens. […]

[…] Quel impact aurait une civilisation « sobre » sur les plans environnemental et humain ? […]
[…] en modérant mes besoins, j'ai un impact direct sur les ressources, puisque, si je ne prélève pas trop, ce sont autant de ressources que je ne vais pas contribuer à épuiser par mon excès : on ne va pas avoir besoin d'autant de choses à gaspiller ! Quand on voit tous les gaspillages, qu'on détruit les forêts, les sols, qu'on prélève des poissons jusqu'au dernier, qu'on dissipe les ressources, qu'il y a 40 % de matière produite superflue, cela dénote d'une civilisation totalement inintelligente. […]

[…] Il vaut mieux, au-delà d'un langage économique, interpeller les individus dans leur vie au quotidien. Si, dans ma vie de tous les jours, j'adopte la sobriété, elle devient une sorte de vertu sur laquelle je vais fonder une vie qui a du sens et qui est satisfaisante. […]
[…] le seul développement durable est la remise en question de notre modèle économique. Il faut complètement changer de paradigme. On ne peut pas continuer à piller jusqu'au dernier poisson et, à côté, parler de développement durable ; cela n'a pas de sens !
Ce qu'il faut c'est renoncer à ce modèle stupide où tout le monde est aliéné. Les gens travaillent sans savoir exactement pourquoi ils travaillent. Beaucoup travaillent « parce qu'il faut bien se nourrir ». Et même le travail est devenu une contrainte que l'on subit sans aucun sens, sans avoir de vraies satisfactions, en étant plongé dans des problèmes multiples, dans un mal-être profond.
Aujourd'hui, ce qu'il faut, c'est humaniser la société. C'est faire que l'humain soit satisfait intérieurement et extérieurement, c'est-à-dire dans ses besoins matériels et dans ses besoins psychologiques, émotionnels, spirituels. C'est cette société-là qui est satisfaisante. […]

[…] Je ne suis pas un consommateur, je suis d'abord un être humain. Ce mot a une consonance de type économique. Je ne suis pas des mandibules et je ne suis pas là juste pour consommer : je suis là pour vivre, pour être, profondément.
La consommation doit être limitée pour répondre à nos besoins fondamentaux : m'alimenter, m'abriter, me vêtir et me soigner. Mais j'ai d'autres besoins, d'ordre immatériel : besoin d'amour, ouvrir mon esprit, m'intéresser à beaucoup de choses, contempler la nature, jouir de la vie dans sa totalité, et non pas être simplement un consommateur-pousseur de Caddie. Sinon, on est simplement là pour faire tourner une machine économique infernale, de laquelle une minorité tire de gros bénéfices, en ruinant et paupérisant la majorité.

Comment parvenir à nous responsabiliser ? Par l'éducation ?
L'éducation est absolument primordiale. L'éducation, telle qu'elle est donnée aujourd'hui aux enfants, ne va pas arrêter la boulimie, l'insatisfaction, les gaspillages et la consommation.
On prépare les générations futures à devenir des consommateurs, à alimenter perpétuellement un système. On ne les prépare pas du tout à la simplicité, à la sobriété, à s'intéresser aux valeurs de la vie, à la beauté que la vie nous offre au quotidien et que nous ne voyons pas. On ne les prépare pas à utiliser correctement leurs mains, à être fraternels. On les prépare à devenir des compétiteurs et non pas des solidaires. […]
En plus, ils sont dans un univers de plus en plus virtuel d'écrans, de souris, de machins, de trucs... […]

[…] le commerce équitable Nord-Sud entre-t-il dans la démarche de la sobriété heureuse ?
[…] l'équité commence d'abord par soi-même, de l'endroit où on est, par le rapport qu'on a à sa famille, à ses amis, aux commerçants qui sont autour de nous. Ainsi répondra-ton aux critères d'équité, mais on ne peut pas se contenter d'un commerce équitable entre le Nord et le Sud, à des milliers de kilomètres : l'équité doit être partout, pas seulement entre le Nord et le Sud. […]

La simplicité volontaire n'implique-t-elle donc pas de « relocaliser » les rapports commerciaux, Nord-Nord et Sud-Sud ?
[…] On devrait trouver sa nourriture, ses vêtements, ses chaussures, des soins... là où on vit. […] Donc, c'est évidemment la sobriété, la simplicité, qui pourraient permettre de réduire les charges qui font que nous vivons d'une façon très stupide, dépendante, faite de transports incessants, coûteux, polluants, destructeurs et « destructurateurs ». Notre système, avec la grande distribution, détruit le social et l'économique.

Pensez-vous que ce changement de mentalité doit s'opérer « par le bas » ou doit-il être imposé par une autorité ?
[…] La société civile fait effectivement des expériences intéressantes ; c'est un laboratoire très important d'expérimentations d'intérêt général. Mais, en même temps, l'Etat fonctionne sur ses critères à lui. C'est pour cela qu'évoluer est si difficile : nous avons des institutions et un mode d'organisation économique et sociale qui bloquent toute évolution vers autre chose que le principe établi et les idées reçues. Il y a un blocage à la fois moral et structuré.
Comment voulez-vous que l'Etat impose, par exemple, une diminution de l'utilisation de la voiture puisqu'il prélève des taxes sur l'essence, et que cela lui évite d'avoir trop de chômeurs ? On est un peu comme dans un traquenard dans lequel l'Etat est impuissant, et d'autant plus impuissant qu'il n'a pas intégré l'idée du changement profond et qu'il est, par ailleurs, subordonné aux puissances économiques qui « dictent ». 70 à 80 % des Français ne veulent pas des OGM, mais cela sera quand même voté. Cela signifie qu'il y a un déni de démocratie en dépit du Grenelle. L'Etat sert à quoi alors ? A entériner, valider et imposer les désiderata des puissances économiques.

Concrètement, que peut-on faire au niveau individuel ? Par où commencer ?
[…] « Si vous voulez changer la société, commencez par vous réconcilier avec vous-même, vos voisins, vos compagnons, vos compagnes, vos enfants... et vous commencerez à constuire une société. »
Ce ne sont pas simplement des actes. Je ne suis pas contre le fait de fermer le robinet, éteindre la lumière, mais cela ne suffira pas à changer la société. Ce qui changera la société, c'est le jour où chaque être humain prendra la résolution d'être un autre être humain, avec plus de compassion, plus de gentillesse, de générosité, d'attention. On va être attentif à ne pas détruire, à respecter la vie sous toutes ses formes, à ne pas gaspiller... Il faut que cela parte de nous, de la décision collective ou d'un ordre ou d'une contrainte de l'Etat...
Sur les frontons des mairies est écrit « Liberté Egalité Fraternité ». La Liberté, il faut la reconnaître en chacun, dans un pays démocratique, dans la mesure où vous ne nuisez à personne. Il faut que vous soyez libre. C'est une semi-liberté structurelle, ce qui ne veut pas dire « liberté intérieure », qui est autre chose. Egalité : on voit bien que c'est impossible et égalité en quoi ? Egalité en droit, bien sûr, mais dans les biens et les ressources... Je remplacerais ce mot par « équité ». Et la Fraternité, elle ne se décrète pas. On ne vous met pas un pistolet sur la tempe pour vous dire d'être fraternel : c'est quelque chose qui relève d'un sentiment profond qui naît en nous, un sentiment d'amour que l'on éprouve pour l'autre. La fraternité relève donc strictement de la décision de l'être humain dans sa solitude propre.
Interview avec Pierre Rabhi, auteur et conférencier ; il est à la fois paysan, l'un des pionniers de l'agriculture écologique en France et philosophe. Initiateur de l'association Terre & Humanisme […]

1 commentaire:

  1. Des extraits très bien choisis ! le problème c'est que même si on était dans la simplicité volontaire sans le savoir depuis longtemps, c'est quelque chose qui ne vous lâche pas et dont on a du mal à voir les retombées à grande échelle : oui, sur 30 ans, je peux dire qu'il y en a eu, mais ça n'est pas encore suffisant et pendant qu'une poignée fait des efforts, ça n'empêche pas les centrales nucléaires et les recherches en biotechnologies, nanotechnologies et autres technologies voulues pour notre avenir, de tourner à plein tube. Il faut une sacrée détermination, d'autant que nous sommes dépendants des nouvelles technologies aussi, même si ça nous permet de parler de la simplicité volontaire ;-)
    Attention aussi à une certaine récupération commerciale de ce mouvement, j'espère qu'il ne sortira pas un jour un label "simplicité volontaire" !!

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